Nouvelles du front #4 : Islande, un Noël blanc et du bleu polaire

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Blablablas, Borgarnes, Islande, Nouvelles du front, Ouest, Vis ma vie en Islande

Mieux vaut tard que jamais, voici les nouvelles du front de décembre. Islande, hiver polaire, Noël sous la neige, fin de l’année et aussi fin d’un « chapitre » du voyage.

L’arrivée de l’hiver « pour de vrai »

Troupeau chevaux islandais

Stalactites géantes en Islande

Une stalactite de plus de 2 mètres…

Décembre. Neige et glace ont pris possession des lieux. Je ne m’en plains pas, c’est exactement ce que j’attendais de ce séjour en Islande. J’ai su que c’était VRAIMENT l’hiver le jour où on a rentré le troupeau de chevaux islandais pour « trier » les poulains et les isoler « au chaud ». Au caractère bien trempé, ces « mini-pouces » islandais à qui il a fallu choisir des noms m’ont donné bien du fil à retordre. Dans cette ferme qui élève aussi certains chevaux « pour la viande », on rassure les poulains « épargnés » en leur disant qu’on ne va pas les manger, sinon ce serait déjà fait. (si on m’avait dit qu’un jour je dirai « sérieusement » ça à un cheval… :/

Décembre. La lumière est irréelle, jour après jour je vois le soleil se levait de plus en plus « à droite » et se couchait de plus en plus « à gauche », décrivant un arc de cercle de plus en plus petit, sans zénith, jusqu’au jour (nuit?)… où l’astre n’est pas passé au dessus de la montagne. Ce sont les jours les plus courts, ceux où la Terre, sur son axe de rotation, est la plus éloignée du soleil. 3 semaines exactement sans voir « dépasser » le disque éblouissant. Et au milieu, le solstice d’hiver, là où tout bascule, là où les jours recommencent à grandir.

Décembre. Je m’émerveille devant la blancheur et le silence du paysage, malgré mes patrons qui répètent « helviti snjó » (putain de neige) à chaque réveil après la tempête. Pour autant, ils me « comprennent ». Je rencontre un Islandais qui, lors de son premier voyage hors du pays, s’est émerveillé devant des arbres « dont on ne pouvait pas faire le tour avec les deux bras ». En Islande, la végétation est mise à rude épreuve, les quelques arbustes qui résistent sont sacrément chétifs, avec une main tu fais le tour du tronc (j’exagère à peine). J’ai failli raconter que « chez moi », les platanes bordaient les avenues, et que plus personne ne regardait les arbres, justement. Comme eux ne remarquaient la neige que pour ses défauts.

rando islande neige

Sur mes jours de repos on me laisse le 4X4 pour aller jusqu’à la cascade gelée. Bien sûr il faut gratter le parebrise, côté extérieur, mais aussi intérieur (ici ça ne surprend que moi)… En bonne française je ne sais pas conduire sur la neige, ni sous la neige, encore moins les 2 à la fois. Mais je suis allée à la cascade plusieurs fois. Il paraît que les rochers et autres pierres bizarres ont une histoire, l’endroit s’appelle l’enjambement du troll d’ailleurs, je n’ai pas retenu pourquoi. J’aime juste ce contraste de la glace et de l’eau vive qui survit à l’état liquide, on se demande comment, au milieu des stalactites. Le froid n’a pas gagné partout.

Mais il y a du verglas plein la cour. Ma nouvelle passion est de fabriquer une mini-luge pour faire la course / aller chercher le courrier. Je découvre les joies des « semelles cloutées », et je continue à monter à cheval, même par températures négatives et grand vent, on adapte l’effort selon la « sensation de froid dans les poumons » (je vois pas comment dire ça autrement).

Travailler avec des jeunes chevaux : révélation

Asahlaka

Noël traditionnel islandais

Noël tradtionnel en Islande

Retour à la civilisation

Décembre a aussi marqué la fin de mon volontariat. Je suis partie juste après Noël. Après 2 mois et demi quasi non-stop au fin fond d’une vallée islandaise déserte, à vivre au rythme des chevaux et de la météo, à pouvoir écouter la musique du bruit des flocons de neige sur la capuche de ma veste tellement la nuit était silencieuse, à manger du poisson fumé arrivé avec le facteur, à aller boire le café à cheval dans la vallée voisine en trouvant mon propre chemin dans la montagne, et à passer des heures à compter les étoiles bien calée dans une source chaude… disons que le retour à la civilisation a été plus difficile que ce que je pensais.

J’ai eu besoin d’une véritable phase de « resociabilisation » (ce que je n’avais pas du tout anticipé), en mode limite ermite (en me sentant bien, juste pas du tout envie de parler aux gens c’est quoi tout ce bruit toutes ces voitures toutes ces lumières, et encore ce n’est qu’un village de 1700 habitants…), heureusement le chocolat m’a bien aidée 🙂 , et après 4 jours complets de « transition » (à ne rien faire d’autre que me balader entre les montagnes et l’océan / écrire / nager / dormir), j’ai finalement eu la chance de faire des rencontres qui m’ont juste (re)donnée des ailes.

Retour à la civilisation

Retour à la capitale pour le nouvel an

Une fois « resociabilisée » à coup de fous rires et de Toblerone, je suis arrivée à monter dans un bus pour Reykjavik (on était 3 dans le bus, 3 en comptant le chauffeur, pas de quoi me sentir étouffée), dans le but de marcher sur le lac gelé / de récupérer des trucs « importants » à la poste restante / d’y faire du shopping (plus aucune fringue à ma taille, qu’on se le dise travailler dehors par températures négatives, ça bouffe des calories) / d’acheter un vrai livre pour apprendre l’Islandais (maintenant que je n’ai plus mon « prof à domicile ») et accessoirement d’y assister aux feux d’artifice du Nouvel an.

hiver en islande

Je suis tombée dans une capitale européenne où tout ou presque était fermé un 31 aprem, pas de bus encore moins de poste ou de magasin de fringues. Pour autant, les feux d’artifice étaient à eux seuls suffisants pour « rentabiliser le déplacement » : je ne sais plus où j’ai entendu que l’Islande a le 2e budget « feux d’artifice » (après la Chine). Ben ça doit pas être des conneries. ça a commencé à péter très tôt, à partir de 20 heures déjà tu ne savais plus où donner de la tête, ça s’illuminait régulièrement un peu partout dans la ville, mais alors à partir de 22h30… j’étais posté « en hauteur » (un peu peur d’avoir peur de la foule , j’avoue, même si en fait il n’y avait pas du tout de foule) et j’ai assisté pendant plus de 2 heures à un show panoramique, 180 degrés d’horizon absolument rempli de feux d’artifice. On aurait dit que les quartiers rivalisaient, à qui le plus beau, le plus haut, le plus « en même temps ». Sur le toit de l’hôtel, on n’a pas remarqué quand c’était minuit, tant on ne distinguait pas « le bouquet final » du reste. En fait il n’y a pas vraiment eu de bouquet final, les tirs ont continué une bonne partie de la nuit.
La dernière fois que j’avais vu un feu d’artifice, c’était le 14 juillet à Paris. Un bal de village à côté du Nouvel an islandais, sérieusement, des pets de mouche.

Sur ce, le mois de janvier a particulièrement bien commencé, entre aurores boréales et nouveau travail. Et je peux déjà vous annoncer que le mois de février ne sera pas moins givré, avec de nouveaux projets et nouvelles destinations qui se concrétisent 🙂 A suivre…!

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12 thoughts on “Nouvelles du front #4 : Islande, un Noël blanc et du bleu polaire”

  1. Aloooors le 31 décembre à Reykjavik, c’est comment ? Feu d’artifice ?!
    Le feu d’artifice de Reykjavik cet été pendant la nuit de la culture avait été dingue, alors celui là doit valoir le coup ! (oui je sais j’ai 3 ans dans ma tête, mais j’adore d’amour les feux d’artifice)

    • Et ben c’était sacrément génial ! Je suppose que c’était plus ou moins aussi dingue que celui de la nuit de la culture, ça n’a pas arrêté dans toute la ville, partout partout partout, panorama de fou.
      Et on a tous plus ou moins 3 ans dans notre tête quand il s’agit de feux d’artifice et d’Islande !)

    • Mais grave ! Incapable de comprendre comment ils font pour ne pas que ça brûle avec l’ampoule ensuite dedans (jsuis pas très douée en tricotage ni en bricolage, j’avoue)

    • Géniale oui 🙂
      J’avoue, le fait que ce soit « presque » et non « totale » aide probablement à mieux le vivre (sachant que je l’ai particulièrement bien vécu, et que maintenant je suis toute déboussolée car les jours grandissent à vitesse grand V)

  2. Framboise dit :

    J’adore cette guirlande, et tout ton blog, merci Sophie 🙂

  3. Pingback: Nouvelles du front : 3 ans après. Celle qui reste | Au sud du pôle Nord

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