
Bunkers au milieu des bois en remontant la péninsule de Tahkuna, au nord de Hiiumaa.
Je ne suis pas trop « tourisme commémoratif », lieux de mémoire et compagnie. Du tout même. Mais au Nord de l’Île d’Hiiumaa se dresse au bout de la plage une sculpture qui m’a surprise, émue. Plus par sa symbolique que par « l’oeuvre » (qui n’a pas été construite pour être une oeuvre d’ailleurs). Une cloche est suspendue face aux vagues. Mais elle ne sonne que lorsque le vent à la même force et la même direction que le soir du naufrage de l’Estonia, ferry qui a coulé pendant une tempête le 28 septembre 1994. L’épave se trouve à 30 miles au nord-ouest de la péninsule de Tahkuna.
Ce bateau, qui reliait Tallinn à Stockholm depuis 1993, était une grande fierté pour les Estoniens qui venaient tout juste de retrouver leur indépendance (en 1991). Il paraît que les 989 passagers n’ont eu qu’une quinzaine de minutes pour évacuer le ferry lors du naufrage. Seuls 137 s’en sont sortis. Les causes du naufrage ont été longtemps controversées, et aujourd’hui encore certains continuent de parler de théorie du complot.
Cet accident a beaucoup marqué les habitants, qui connaissaient une victime ou un proche de victime (je ne suis restée que 10 jours en Estonie, mais sur l’île de Hiiumaa, beaucoup m’en ont parlé, alors que c’était il y a presque 20 ans…)
Il existe un autre mémorial à Tallinn, appelé Ligne brisée, qui comporte le nom des 852 victimes. Celui de Hiiumaa, construit par les habitants de l’île à l’extrémité de la péninsule de Tahkuna, est beaucoup plus simple. La symbolique de la cloche et du vent est, de mon point de vue, très forte.

Cette cloche, scupltée de 4 visages et suspendue à un cadre métallique « tout simple », ne sonne que lorsque le vent à la même force et la même direction que le soir du naufrage de l’Estonia.